vendredi, juillet 01, 2016

C'est déjà ça...



        Un samedi matin comme avant, ou presque, tel est mon programme. Bien entendu rien ne peut plus être comme avant, il faut s’adapter, encore une fois. Sortir semble devenu une épopée, navigateur solitaire dans l’âme depuis toujours, je suis contraint de voguer en équipage, au gré des embarquements proposés. Ma sœur, skipper d’un jour sera au gouvernail de mon canot de sauvé des eaux à roulettes, frêle embarcation face aux tumultes des trottoirs cabossés. Ces revêtements de sol soient disant adaptés à la navigation de nos barques ou des optimistes des enfants poussés par leurs mères, nous font nous transformer en galériens ramant face aux dénivelés, aux voitures garées, aux fameux bateaux trop profonds dont on ne peut s’extirper seul. Mes bras ne sont plus aptes à pagayer ainsi en eaux troubles, je dois m’en remettre à mon équipier de circonstance.
         Cap sur le centre ville, les eaux sous mes roues deviennent plus calmes, traversée du marché, des couleurs, des odeurs oubliées, je ne fais que passer. Centre piétonnier, je reprends la barre de mon canot, petite poussée d’autonomie, je gère ma vitesse, mon cap, tranquillement. Je vogue d’une rue à l’autre, je souque ferme dans les montées, mes bras tétanisent, je surfe les descentes en gérant ma vitesse. C’est ici que devrait être mon port d’attache, les choses seraient si faciles, trop sans doute… L’objectif est en vue, les terrasses. Complètement désuet pour beaucoup, mais prendre un café sur une terrasse un samedi matin est un petit bonheur de ma vie. Un petit plaisir tout simple, seul, entre amis, en famille, discuter, observer, se moquer souvent, la ville est un spectacle, les passants sont des acteurs, ils ne le savent pas je leur fais vivre des petites aventures. Il y a ceux qui reviennent du marché, il y a les promeneurs de chiens, ceux qui viennent exhiber motos ou voitures, les vieux au ralenti, les gamins qui s’agitent, tout un univers concentré sur une petite place, sur une terrasse, devant un café un samedi matin. Je sais depuis longtemps qu’il faut que je savoure les petits bonheurs de la vie que je me dois de profiter de ces courts instants pour me recharger l’esprit des tracas quotidiens qui, au fil des années s’accumulent, se transforment, se densifient.
         Un café le samedi matin en terrasse, c’est déjà ça…


kryzstof

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