Un samedi matin comme avant, ou presque, tel est mon
programme. Bien entendu rien ne peut plus être comme avant, il faut s’adapter,
encore une fois. Sortir semble devenu une épopée, navigateur solitaire dans
l’âme depuis toujours, je suis contraint de voguer en équipage, au gré des
embarquements proposés. Ma sœur, skipper d’un jour sera au gouvernail de mon
canot de sauvé des eaux à roulettes, frêle embarcation face aux tumultes des
trottoirs cabossés. Ces revêtements de sol soient disant adaptés à la navigation
de nos barques ou des optimistes des enfants poussés par leurs mères, nous font
nous transformer en galériens ramant face aux dénivelés, aux voitures garées,
aux fameux bateaux trop profonds dont on ne peut s’extirper seul. Mes bras ne
sont plus aptes à pagayer ainsi en eaux troubles, je dois m’en remettre à mon
équipier de circonstance.
Cap sur le centre ville, les eaux sous mes roues deviennent
plus calmes, traversée du marché, des couleurs, des odeurs oubliées, je ne fais
que passer. Centre piétonnier, je reprends la barre de mon canot, petite
poussée d’autonomie, je gère ma vitesse, mon cap, tranquillement. Je vogue
d’une rue à l’autre, je souque ferme dans les montées, mes bras tétanisent, je
surfe les descentes en gérant ma vitesse. C’est ici que devrait être mon port
d’attache, les choses seraient si faciles, trop sans doute… L’objectif est en
vue, les terrasses. Complètement désuet pour beaucoup, mais prendre un café sur
une terrasse un samedi matin est un petit bonheur de ma vie. Un petit plaisir
tout simple, seul, entre amis, en famille, discuter, observer, se moquer
souvent, la ville est un spectacle, les passants sont des acteurs, ils ne le
savent pas je leur fais vivre des petites aventures. Il y a ceux qui reviennent
du marché, il y a les promeneurs de chiens, ceux qui viennent exhiber motos ou
voitures, les vieux au ralenti, les gamins qui s’agitent, tout un univers
concentré sur une petite place, sur une terrasse, devant un café un samedi
matin. Je sais depuis longtemps qu’il faut que je savoure les petits bonheurs
de la vie que je me dois de profiter de ces courts instants pour me recharger
l’esprit des tracas quotidiens qui, au fil des années s’accumulent, se
transforment, se densifient.
Un café le samedi matin en terrasse, c’est déjà ça…
kryzstof
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