lundi, juillet 18, 2016

We're The Superhumans


Yes, I can !
Oui, je peux !

La vie est parsemée de rencontres improbables, d'obstacles imprévus, de coups d'arrêts qui épicent le quotidien.
Une barrière ne doit pas être un problème, si je ne peux la franchir, il suffit juste de s'adapter, la contourner pour passer de l'autre côté et repartir de l'avant...
Si tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes, la vie serait ennuyeuse.

kryzstof

vendredi, juillet 15, 2016

Putain de camion !!!

Putain c'est trop con
Ce putain d'camion
Mais qu'est-ce qu'y foutait là
Putain de vie d'merde
Vous avez roulé dans l'herbe
Et nous, vous nous plantez là

J'espère au moins qu'là-haut
Y'a beaucoup moins d'salauds

Vous nous laissez avec les chiens
Avec les méchants les crétins
Sous un soleil qui brille moins fort et moins loin
J'voudrais m'blottir dans un coin
A Nice ou plus loin
Pleurer avec eux jusqu'à la saint glinglin

Putain j'ai la rage
Contre ce carnage
Et contre ce soir là
Où c'est arrivé
Dire que c'était l'été
Dans ma tête y fait froid

J'espère au moins qu'là-haut
Y'a beaucoup moins d'salauds


NICE
14/07/2016

vendredi, juillet 01, 2016

Détenu

Ils sont deux, toujours, entrent se saisissent de moi et m’enferment dans leur fourgon blanc. Quelques minutes plus tard la porte arrière du véhicule s’ouvre, ils me conduisent dans ce centre, je reste seul dans ce hall d’entrée. Jamais je n’aurais imaginé entrer dans un tel lieu, je n’en connaissais même pas l’existence d’ailleurs. J’ai découvert ce nouveau monde, par hasard, par accident devrais-je dire il y a quelques mois. Je n’aime pas cette ambiance, je n’y suis pas à ma place, je n’ai rien à foutre ici au milieu de ces blouses blanches aux sourires convenus, j’ai accepté ce transfert pour changer de lieu tout simplement, j’en avais marre de mon ancien centre de détention, me rapprocher des miens surtout. Je me pose des tas de questions assis comme un con dans mon fauteuil au milieu de ce hall, je suis une sorte de détenu, prisonnier de mon corps dont je ne sais quoi faire, ma peine d’intérêt n’est pas générale, elle est personnelle, pas en redressement, mais en rééducation. C5, C6, j’ai pas encore le permis, mais j’ai le sentiment d’avoir été victime d’un carambolage dans une concession Citroën, j’ai plaidé non coupable, mais le juge en a décidé autrement, je dois me rééduquer.
L’impression d’être ailleurs, ma tête n’intègre pas la réalité de ma situation, en moi, je suis toujours le même, comme tout les jeunes de mon âge finalement, insouciant, sportif, je ne me préoccupe pas réellement du lendemain. Mais en fait aujourd’hui j’ai le sentiment d’être deux personnes à la fois, mon esprit qui ne change pas radicalement et mon corps que mon esprit ne semble plus contrôler. Ces deux personnes mènent un combat en moi, et pour l’instant j’en suis comme le spectateur, j’attends de voir la suite.
Découverte d’un nouvel environnement, un nouveau centre de rééducation, le dernier m’avait laissé un gout amer, je n’avais pas réellement compris ce que j’y faisais, ce que je pouvais y faire, incapable de bouger, à quoi bon faire de l’exercice, je ne gérais rien de moi-même. En quoi cela pourrait être différent ici ? Le médecin m’explique le programme, elle semble à l’écoute, même si je ne dis rien, je reste impassible de toute façon je ne sais pas quoi répondre ne sachant pas à quoi m’attendre ni même quoi espérer. Rencontre avec les personnes chargées de s’occuper de mon cas, elles sont souriantes, énergiques, mes réponses sont automatiques, par politesse simplement, je préfère cacher mes émotions sous ma capuche, demeurer impassible. On me conduit d’une salle à l’autre au fil de la journée je repère les lieux, rencontre des thérapeutes différents, des gens sur des tables, entre des barres, devant des tableaux, tous ont l’air de se satisfaire de leur présence en ces lieux. Mais comment peuvent-ils prendre leurs condamnations à la légère ? Je me rends compte bien vite qu’en comparaison avec mon ancien centre, ici les détenus ont des casiers bien plus léger, je dénote un peu dans l’ensemble.
Mon cas semble attirer l’attention de bien des détenus ici, je croise des regards, je surprends des conversations, sans cesse les mêmes questions que l’on me pose, qu’est ce qui t’es arrivé, qu’est-ce que tu as eu, pourquoi toutes ces interrogations insistantes alors que moi je ne cherche qu’à ne plus trop penser à ça ? Pas l’intention de me raconter à tous, j’esquive, je détourne, je transforme la réalité, ils sont contents parfois, perplexes souvent, et moi tranquille jusqu’au prochain.
Au fil du temps je fais de drôles de rencontres dans ce centre, certaines moins bonnes que d’autres. Cela peut aller du jeune cascadeur à scooter qui a déjà tout connu dans sa vie, à la personne âgée qui va me faire la morale, beaucoup viennent se plaindre de leur sort, ou beaucoup me disent qu’ils comprennent. Mais ils comprennent quoi ? Je réalise malgré tout, qu’un médecin peut être à l’écoute, sans m’imposer ses décisions, je m’aperçois que les thérapeutes font souvent le maximum pour améliorer mes chances dans mon combat, je comprends que les infirmières et aides soignantes sont là pour m’épauler dans tous les instants y compris les plus désagréables de mon séjour.
Mais s’il est des rencontres que je dois retenir, il y en a deux que ne suis pas prêt d’oublier. Un détenu, n’ayant plus le contrôle total de son corps non plus, qui est arrivé vers moi sans me poser de questions, il m’a fait part de son expérience, m’a écouté sans juger, il prend les choses avec humour, quelqu’un qui a du cœur et un mental de résistant. Une kiné, gourou sensible au bien être du physique et de l’âme de ses disciples, Marianne, qui à force d’insister, a su comprendre mon fonctionnement, m’a redonné le sourire, une certaine joie de vivre, l’envie de me battre et la motivation de retrouver une certaine forme de liberté. Je sais désormais que ma détention n’est pas une fin en soi, elle est provisoire, je suis entrain de reprendre les armes pour découvrir une nouvelle liberté !   
                                                              
Mise en mots : Kryzstof 

Virages

Un dimanche de printemps comme les autres. Matinée fraîche et ensoleillée. Jean, polo, baskets, vêtu comme d’habitude finalement, je descends les sept marches, traverse la rue et actionne l’émetteur de la porte de garage. Un claquement, le moteur s’enclenche, la porte s’ouvre, les néons blafards clignotent sous les coups de leurs starters usés, l’antre sombre s’illumine peu à peu. J’avance dans la pente, je marche doucement avant que la porte ne se referme derrière moi. Elle est là sur ma droite en première ligne. Blanche, immaculée, des jantes d’un noir brillant et profond, des étriers de freins flamboyants. Ses courbes quasi sensuelles semblent apaisées sous cette lumière artificielle, sa face reste douce, quelconque presque alors que sa poupe généreuse révèle un tempérament affirmé. Je m’approche, d’une pression de l’index sur la poignée avant gauche je la déverrouille. Deux pas en arrière, j’ouvre la porte arrière, dépose ma canne, fidèle compagne, retire ma veste la dépose sur la banquette. Je referme. J’ouvre la porte avant, celle qui va enfin me laisser découvrir le poste de pilotage. Je m’assieds, m’installe, pied droit sur l’accélérateur, pied gauche calé dans la pédale en forme d’étrier de frein. J’attrape la boucle de ceinture, m’attache avec cette ceinture d’une couleur rouge plutôt originale d’ailleurs, une petite touche de gaieté dans un environnement sombre. Pied gauche sur le frein, j’appuie sur le bouton de démarrage. Un cliquetis se fait entendre puis un feulement, le moteur s’est réveillé, des diodes illuminent le tableau de bord, check up électronique, tout est en ordre. L’aiguille du compte tours palpite. Marche arrière enclenchée, je recule doucement pour m’extirper de cette place entre deux piliers de béton. Pression sur la commande du garage, j’avance lentement vers l’extérieur, les phares s’éteignent en découvrant le soleil face à moi.
Je prends la route, doucement en ville, la boite de vitesse gère seule le rendement du moteur. Petit à petit elle monte en température, la radio diffuse son lot de publicités. Je sors de la ville, j’emprunte une bretelle d’autoroute, je descend la rampe de lancement à 70 km/h en sixième, un coup d’œil dans le rétroviseur, la voie est libre, deux impulsions sur la palette de gauche pour tomber deux rapports tout en écrasant la pédale de droite, la Clio bondit dans un son rageur, les 160 km/h sont atteints en quelques secondes seulement, je relâche l’accélérateur pour me caler à 100 km/h. A cette allure, les quelques véhicules empruntant l’autoroute me dépassent allègrement. Qu’importe, ce ruban d’asphalte droit, large, lisse et sans âme n’est qu’un lien conduisant à mon but que sont les petites routes qui serpentent dans les forêts luxembourgeoises.
Je coupe la radio, la magie opère. J’enchaîne les courbes sur un filet de gaz, le rythme s’accélère, les sorties de virages deviennent des rampes de lancement, la puissance du moteur envoie la Clio telle une bille de flipper sur les routes boisées. Je tends les trajectoires, coupe les virages quand la visibilité le permet, je place les roues à l’extrême limite du bitume. Les gestes sont doux, précis, ne pas brusquer l’auto, faire corps, rester concentré. Sans dépasser les limites légales autorisées, le plaisir est atteint. Les paysages défilent, différents, tantôt sombres presque inquiétants dans les forêts du Mullertharl, puis ensoleillés des bords de la Moselle, la balade dominicale est un régal.

C’est une belle journée.
(souvenirs désormais...)
kryzstof

C'est déjà ça...



        Un samedi matin comme avant, ou presque, tel est mon programme. Bien entendu rien ne peut plus être comme avant, il faut s’adapter, encore une fois. Sortir semble devenu une épopée, navigateur solitaire dans l’âme depuis toujours, je suis contraint de voguer en équipage, au gré des embarquements proposés. Ma sœur, skipper d’un jour sera au gouvernail de mon canot de sauvé des eaux à roulettes, frêle embarcation face aux tumultes des trottoirs cabossés. Ces revêtements de sol soient disant adaptés à la navigation de nos barques ou des optimistes des enfants poussés par leurs mères, nous font nous transformer en galériens ramant face aux dénivelés, aux voitures garées, aux fameux bateaux trop profonds dont on ne peut s’extirper seul. Mes bras ne sont plus aptes à pagayer ainsi en eaux troubles, je dois m’en remettre à mon équipier de circonstance.
         Cap sur le centre ville, les eaux sous mes roues deviennent plus calmes, traversée du marché, des couleurs, des odeurs oubliées, je ne fais que passer. Centre piétonnier, je reprends la barre de mon canot, petite poussée d’autonomie, je gère ma vitesse, mon cap, tranquillement. Je vogue d’une rue à l’autre, je souque ferme dans les montées, mes bras tétanisent, je surfe les descentes en gérant ma vitesse. C’est ici que devrait être mon port d’attache, les choses seraient si faciles, trop sans doute… L’objectif est en vue, les terrasses. Complètement désuet pour beaucoup, mais prendre un café sur une terrasse un samedi matin est un petit bonheur de ma vie. Un petit plaisir tout simple, seul, entre amis, en famille, discuter, observer, se moquer souvent, la ville est un spectacle, les passants sont des acteurs, ils ne le savent pas je leur fais vivre des petites aventures. Il y a ceux qui reviennent du marché, il y a les promeneurs de chiens, ceux qui viennent exhiber motos ou voitures, les vieux au ralenti, les gamins qui s’agitent, tout un univers concentré sur une petite place, sur une terrasse, devant un café un samedi matin. Je sais depuis longtemps qu’il faut que je savoure les petits bonheurs de la vie que je me dois de profiter de ces courts instants pour me recharger l’esprit des tracas quotidiens qui, au fil des années s’accumulent, se transforment, se densifient.
         Un café le samedi matin en terrasse, c’est déjà ça…


kryzstof